2 Neurones & 1 Camera

Olivier Thereaux

Flotte, mais ne coule pas

<div class="neur-photo"><img class="beauty"  src="/2005/Debris.jpg" alt="photo: debris d'unr maison detruite" /></div>

Le produit phare des magasins Muji est un kit d'urgence. Les "convenience store" Lawson, en tête de gondole, proposent des appareils photo jetables, pour fournir des preuves aux assureurs. Et le journal Nikkei suggère a toute maisonnée qui se respecte de se doter de toilettes portatives. Au cas où.

Elle est partout. Sur moi comme une honteuse couche de sueur, elle s'étale, s'immisce, s'incruste.

Au crépuscule, lorsque les entrailles de la maison cognée le jour durant par le soleil estival finalement fraichissent et se contractent, j'ai les yeux rivés au plafond qui craque, loin, tres loin des limbes et des bras du séduisant morphée. Ses appas ne sont rien pour moi, j'ai six ans et un monstre sous mon lit.

J'ai longtemps cru à un monstre de pacotille, de parc d'attractions, de ceux qui font sursauter et sourire et qu'on oublie bien vite. Mais pas cette fois, elle y veille.

Elle nous rappelle a quel point il est imprévisible, implacable. On a bien essayé de le bétonner, mais il reste libre et fou, à notre grand dam. Elle nous donne des airs de jouets imbéciles, sourds à quiconque voudrait nous rappeler que le monstre nous est nécessaire, pis, qu'il est bon, qu'il porte en lui l'illumination des hommes.

Ma peur.

Elle est venue comme une nausée, un long flottement, faisant d'une île un océan, de Tokyo un radeau ivre. Une vague sans danger qui fait de nous des pleutres.

J'ai cédé à sa ruse, me suis muni d'eau de bouffe sèche et d'une lampe-radio-batterie-solaire qui ferait presque le café si on lui demandait gentiment. Pour être plus sûr. Mais pas en paix.

Sur le pas de ma porte, à chaque instant, un sac me rappelle à ma peur.

olivier, mardi 23 août 2005, 15:42

Avant/Après

Les photographes savent-ils conter?

La photographie est, étymologiquement au moins, l'art d'“écrire avec la lumière”. Ce qui la distingue radicalement des autres formes d'écriture, cependant, c'est le langage utilisé, celui des formes et des images. Un protolangage à la syntaxe un peu simple, a la grammaire souple, et au vocabulaire infini. Quelle immense license poetique!

À suivre


06-07 August 2005: Matsumoto, Japon

À suivre / 8 photos